Mes différentes expériences de vie m’ont amené à croire que je suis sur terre pour apprendre à aimer véritablement, à ressentir dans la chair l’Amour Véritable. Selon moi, nous sommes arrivés à une époque où nous sommes las de notre manière de vivre les relations humaines : de notre représentation humaine de l’amour. Nous sommes à une époque où nous nous demandons s’il n’existe pas une manière de vivre autre.

A la recherche d’un point d’eau

Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours ressenti une soif inextinguible d’être aimée. N’ayant pas reçu, selon moi, l’amour que je méritais dans mon enfance, je le cherchais autour de moi. J’avais soif ! Je regardais autour de moi comment les gens avaient accès à cette eau si rafraîchissante, si désaltérante, si précieuse. Quand j’étais petite, j’ai vu que cette eau était donnée par les parents. Alors je suis allée les voir en leur disant, balbutiant dans un jargon parfois incompréhensible, que j’étais assoiffée. Ils m’ont donné ce qu’ils ont pu : l’eau qu’ils avaient. Mais j’avais encore soif. Je me suis dit à l’époque que l’eau fournie par mes parents ne devait pas être suffisante, voire d’assez bonne qualité. Dès lors, j’ai commencé ma quête d’eau vers l’extérieur, en entamant ma marche dans ce désert aride. Toutes les occasions étaient bonnes pour avoir quelques gouttes d’eau de-ci de-là. Je remplissais même ma gourde au cas où. Mais ma gourde ne gardait pas l’eau et ma soif n’était toujours pas étanchée durablement. Alors j’ai commencé à observer comment les autres faisaient pour avoir de l’eau et pour boire. Ainsi, j’ai vu que de l’eau était donnée dans les relations amoureuses : banco !

Des bonnes intentions

J’ai eu 17 ans de relations amoureuses cumulées dont 13 ans de vie de couple où je me suis employée à chercher de l’eau et à en donner. J’ai eu de l’eau de différentes manières, j’ai donné mon eau de différentes manières. J’ai donc expérimenté les deux côtés de la pièce en tant que donneuse et receveuse d’eau. J’ai d’abord expérimenté la mendicité. Je mendiais et acceptais ce que les gens voulaient bien me donner, selon leur bon vouloir, selon ce qu’ils étaient en mesure de donner aussi. Alors, j’ai développé de manière inconsciente la mésestime de moi et la soumission : en somme l’augmentation de la dépendance affective. Sans me rendre compte j’ai développé à la fois le sens de la victimisation et, à l’opposé, un courage à toute épreuve. Soit on me donnait de l’eau car ma condition de victime attendrissait, soit parce que mon courage forçait l’admiration.  Cependant, forcer même pour une cause ou des raisons que l’on estime valables reste toujours forcer. Et une force entraîne inévitablement une contre-force. Ainsi j’ai expérimenté le contrôle et voilà comment j’ai été amenée à donner mon eau sous conditions. Pourtant mon intention était bonne et sincère. Mais comme le dit l’adage « l’enfer est pavé de bonnes intentions ». Ainsi, je me suis trouvée dans l’illusion de dispenser mon eau de manière gratuite  ; mais en fait je la monnayais , sans en avoir conscience…

Une eau frelatée soumise à conditions

Mon prix ? Sécurité affective, sécurité financière, stabilité intime, soutien psychologique, amitié, validation de qui je suis.  J’ai donné mon eau à ceux qui avait soif, et même à ceux qu’ils ne me le demandaient pas. C’est à cela qu’on reconnaît les gens biens : ils donnent à boire et à manger aux personnes dans le besoin. J’avais envie d’être une personne bien et par mimétisme j’ai fait comme j’ai appris, vu, copié. J’ai fait ce que je savais, j’ai fait ce que je pouvais en faisant de mon mieux. J’ai donné et reçu de l’eau de gré et de force.  Mais ma conception du “bien” et du “mieux  » n’était pas la conception des autres. Et j’ai constaté qu’au fil des années, j’avais beau donner à boire, la soif demeurait chez l’autre, j’avais beau boire cette eau j’avais toujours soif. Alors, j’ai changé de fournisseur d’eau afin d’avoir la meilleure qualité d’eau. J’ai essayé différents types d’eau… J’ai bu de l’eau traitée, naturelle, de source, du robinet… J’ai ouï dire qu’un repas est meilleur quand on a faim ; alors j’ai attendu d’être assoiffée pour apprécier mon eau… Que nenni, la soif était toujours présente. Alors j’ai fait l’inverse j’ai bu plus souvent, en augmentant la fréquence de mon hydratation. Je me suis hydratée par de la nourriture riche en eau, par la rosée du matin, par les pores de la peau… J’ai cherché à me désaltérer par une eau sous différentes formes : solide, liquide, gazeuse. Mais rien n’y faisait, j’avais toujours soif et pire ma soif augmentait. J’ai fini par comprendre, en 2017, que mon eau était frelatée !

Résiliation du contrat par le fournisseur d’eau

Comment ai-je compris que l’eau que je consommais était frelatée ? Que l’eau n’était pas pure, pas naturelle ? Que cet amour humain, cet amour conditionnel, ne pouvait être de l’Amour véritable ?  C’était un jour de 2017, jour où j’ai fait l’expérience de ne plus recevoir de l’eau de l’extérieur. Remontons un peu en arrière… Les années d’avant, cette eau m’était prodiguée par un fournisseur parce qu’il me disait voir ma valeur. Ce fournisseur généreux avait compris que je n’avais pas eu beaucoup d’eau dans ma vie. Et puis ça ne se fait pas de laisser quelqu’un mourir de soif, dans un pays où il y a de l’eau : ce n’est pas bien. Cependant dès que je ne remplissais plus le cahier des charges, l’eau était coupée. Au début, j’avais juste des coupures d’eau, puis un jour l’eau s’est arrêtée net et pour de bon cette fois. Problème ! J’étais nue, sous la douche, couverte de savon  par endroits, de boue par d’autres, les yeux plein de shampooing, mes cheveux plein de mousse… Bref c’était la catastrophe. En plus de ne pas pouvoir me rincer, j’avais toujours ma profonde soif qui persistait.

 « Céline la guerrière », le reboot

J’ai tenté dans un premier temps de me débrouiller seule, seulement j’étais aveugle : je ne pouvais ouvrir les yeux tant les produits lavant me les brûlaient. Le mode guerrier s’enclencha, telle Xena, je tâtonnai dans le noir. Cependant, ne m’étant pas entrainée depuis longtemps je me suis cognée un peu partout et j’ai commencé à saigner… Alors j’ai hurlé pour appeler à l’aide, tout en gardant à l’esprit que j’étais vulnérable, car j’étais nue. Pas de réponse de proximité. Je me suis donc mise à chercher ma serviette, mais je n’ai rien trouvé : elle n’était plus à sa place habituelle. Le fournisseur d’eau avait mis à ma disposition des accessoires et il avait tout repris. Bretzel de merle (dédicace à la série The Good Place), je n’avais pas lu la clause qui stipulait que si les termes du contrat étaient respectées les accessoires et l’accès à l’eau était « offerts », mais que, le cas échéant, l’eau serait coupée et les accessoires repris. Raison pour laquelle je me retrouvais sans serviette, tapis de bain et tout ce fameux tralala indispensable. ! Assoiffée, nue comme un ver, semi-boueuse et savonneuse, les yeux brûlants, avec du sang qui ruisselait ici et là,  je me suis mise à pleurer, j’ai déversé des larmes, des torrents de larmes…

« Céline guerrière pacifiste », nouvelle série, saison 1

Ce furent les larmes les plus salutaires que j’ai eues de ma vie. Car je commençais à découvrir les bienfaits de cette douche intérieure : cette eau lava mes yeux. J’ouvris mes yeux. Je trouvai de quoi essuyer mes pieds, puis je pus parer au plus urgent, penser mes plaies pour arrêter le sang. Je voulus m’habiller, mais j’étais pleine de savon et de boue : que faire ? Je constatai avec effroi que ma maison était vide. Nom d’un paquet de ciboulette, toute ma maison était agrémentée par les produits du fournisseur d’eau ! J’éprouvais tant de reconnaissance envers mon fournisseur d’eau que j’avais acheté tous les produits dérivés : plus je faisais plaisir, plus je me sentais être une bonne personne. En fait, cela allait plus loin que la simple décoration de mon intérieur : j’avais un sponsor unique et toute l’alimentation de ma maison dépendait de cet unique fournisseur !!! Devant ce constat amer, j’attrapai mon bigophone pour demander de l’aide à l’extérieur. Quelques instants après, des bouteilles d’eau furent déposées devant chez moi. Cette fois pas question de gaspiller cette eau, j’avais la ferme intention de devenir autonome et trouver ma propre source d’eau, et pure cette fois-ci. Ainsi, j’ai pu m’hydrater un peu, me rincer et enfin m’habiller : pour sceller ce renouveau, je choisis une tenue de guerrière pacifiste. Je débutais mon cheminement intérieur avec pour objectif la paix intérieure et une autonomie affective. Cependant j’eus conscience que cela passerait par une rencontre avec mes propres démons, mes propres clauses en tant que fournisseuse d’eau. 

« Le plus grand voyageur n’est pas celui qui a fait dix fois le tour du monde, mais celui qui a fait une seule fois le tour de lui-même. »

GANDHI 

A la recherche du Graal

Telle une pèlerine je débutais ma quête pour trouver de l’eau. Mon objectif : ne plus être dépendante de quiconque. En somme je vivais une version plus spirituelle de ce qui pourrait se résumer par « aller vous faire loutre » (expression entendue dans la série The Good Place)… Pendant que je marchais, une réflexion résonnait sans cesse dans ma tête, pour ne pas dire hantait mon esprit : une eau qui n’étanche pas la soif ce n’est pas possible !? De l’amour qui s’arrête du jour au lendemain, qui se troque, se « donne » sous conditions, de l’amour qui fait souffrir, de l’amour basé sur de la peur, des menaces, du contrôle cela ne peut être de l’amour ? Ce n’est pas possible… Ce n’est pas possible !!! Il y a forcément une méprise quelque part. J’avais l’impression que ma vie était un délire complet. Je me mis en marche et je parlai de ma quête autour de moi. Et quand l’apprenti est prêt l’enseignant apparaît. Vite fait, bien fait, la vie mit des enseignants sur mon chemin. Ces enseignants prirent de nombreuses formes : des  humains, des livres, des films, des séries et surtout des expériences de vie pour ressentir par moi-même, ancrer tout cela dans mon corps. Dès lors, je reçus de chacun de mes enseignants un morceau de parchemin ; je compris que cela constituait une carte au trésor. Je fis l’hypothèse que cela allait me mener au but : au Graal tant et tant recherché depuis des millénaires… La fameuse coupe contenant le précieux liquide si précieux à la vie ! A ne pas confondre avec l’eau-de-vie, l’alcool, hein !

Un baume pour mon cœur

Plus j’écoutais et expérimentais ce que mes enseignants me disaient, plus mon voyage m’emmenait à l’intérieur, en de moi. Vous savez la fameuse phrase que l’on trouve dans la Bible dite par Jésus « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’oeil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton oeil? ». Pour ce qui ne sont pas férus de ce livre, pa dig (signifie en créole ce n’est pas grave) ! Les enfants de maternelle vous le diront aussi « c’est celui qui dit qui est »! Boudoum (équivalent créole pour moi de « paf le chien ») ! Puis, mes enseignants m’amenèrent à une grande réflexion, une grande prise de conscience : ils m’ouvraient tous de manières différentes à la conclusion unanime que la vie est Amour. Que tout ce qui nous dépasse, ce qui nous unit tous, que certains nomment Energie, Dieu, l’Univers, la Vie, la Nature n’est qu’Amour. Un seul but : nous amener à ressentir plus d’amour envers nous-même et envers les autres. D’ailleurs les grands maitres spirituels, les sages de notre époque le disaient tout le temps et ce de plein de manières différentes. Cette clef a été la plus importante, car elle m’a permis d’arrêter de construire mon identité, ma valeur en fonction des avis extérieurs. En effet, à chaque fois que j’intégrais un groupe, les individus m’affirmaient avec force que c’étaient eux qui détenaient la vérité, que leur manière de procéder était THE voie, THE VOICE. Et ce quel que soit le groupe : politique, religieux, économique, familial, amical, associatif… Il y a de quoi perdre la tête non ? Cela a d’ailleurs causé des luttes de pouvoir, des revendications violentes, des conflits, du totalitarisme, des dictatures, des morts… J’ai compris qu’il y a eu et qu’il y a autant de messagers que d’époques, que de cultures différentes. Il y a plusieurs méthodes pour apprendre à lire pour un seul objectif « savoir lire ». Alors, j’ai arrêté de me prendre la tête en ce qui concerne la recherche de l’illustre méthode de lecture, la recherche du fameux fournisseur d’eau. Je commençai à me centrer sur l’apprentissage de la lecture, à la recherche de la porte d’entrée intérieure vers cette source inépuisable… Je restai à l’écoute de l’extérieur (comme je le pouvais biensûr) afin que celui-ci m’amenât résolument à continuer ce voyage intérieur.

« Quand le sage montre la lune du doigt, l’apprenti sage commence par regarder le doigt… Puis, le sage l’invite à élever son regard : pour passer de la vision du doigt à celle de la lune »

Proverbe chinois adapté par Céline Gommard

Du développement personnel à l’acceptation de Soi…

Un morceau de parchemin arriva naturellement, une clef formidable : le jeu du miroir. « Ce qui te dérange chez l’autre est ce qui est mal rangé chez toi « . Et là je compris, je compris que j’étais moi aussi un fournisseur d’eau qui disait offrir son eau, mais qui en fait la vendait. L’intention n’était ni malveillante, ni malhonnête, mais ce marchandage avait lieu par inconscience, par peur de me retrouver comme un lézard tout sec, desséché par le soleil. Je pleurai, mais pas de soulagement cette fois-là, car telle une expérience de mort imminente, je me suis vu « escroquer »mon entourage. Je me suis vu dire « je vous offre cette eau gracieusement » alors qu’en fait « je la troquais, voire la vendais » ! Au moment précis de cette prise de conscience, je vomis mes émotions, je pleurai par spasmes. On aurait pu croire à une scène de “l’Exorciste” (le vomi et la tête qui tourne en moins). Heureusement un nouvel enseignant pointa rapidement le bout de son nez. Sur ce parchemin était inscrit : “La lumière d’une bougie peut se voir uniquement s’il y a de l’obscurité autour. Donc si tu as des parts d’ombre, tu as aussi des parts de lumière.” Puis un autre enseignant fit son apparition quelques mois plus tard. Il me dit « mets de l’humour, de l’honnêteté et de l’humilité dans tout ça ». Je me rendis compte que nous sommes tous logés à la même enseigne, même quand on s’efforce de faire croire le contraire, même quand le silence est gardé. Cet enseignant me rappela une clef que j’avais oubliée « Ce à quoi tu résistes persiste ». Reconnaître ces parts d’ombre et s’accepter dans son entièreté, c’est-à-dire ne pas chercher à devenir ce que nous ne sommes pas est la clef pour être Soi et donc évoluer. Le Gag ! En somme, arrêter de vouloir se développer, c’est la clef vers l’évolution, le développement…

Processus alchimique…

Mon esprit m’amena à comprendre que l’amour véritable, inconditionnel, alias la vie, ce qui nous unit tous, ne s’exprimait pas aisément chez les humains (fait qui m’a été confirmé près de 2 ans plus tard, lors de la lecture du livre La Maîtrise de l’amour de Don Miguel Ruiz). Les peurs, les traumatismes, les blessures du cœur non guéries, sont autant de facteurs qui nous empêchent d’accéder, à exprimer cet Amour véritable que nous avons tous en nous. Prenons l’exemple de parents qui aiment inconditionnellement leurs enfants. Pour l’avoir vu de mes propres yeux , pour avoir même canonisé ces personnes tant cet amour m’a touchée au cœur, j’ai finalement compris que leur amour était et est soumis à une condition : ils sont capables d’aimer ainsi leurs enfants , parce que ce sont leurs enfants. Cette manière d’aimer ne se fait pas par manque d’égard envers l’autre, cela EST tout simplement. Attention, je ne dis pas que ces personnes ne peuvent pas en aimer d’autres, je précise que l’intensité de cet amour, que ce dévouement absolu se fait pour la chair de leur chair. Dès lors, dès cet instant mes recherches d’eau (restées vaines jusqu’alors) cessèrent i-mmé-dia-te-ment. L’amour inconditionnel, véritable, n’est pas accessible à la condition humaine, il est nécessaire de se transmuter, de se reconnecter à son Soi, à ce qui est plus grand que Soi pour y avoir accès. Ce fut ma première invitation à chercher le Graal via une expérience intérieure, tel un alchimiste.

Connexion à la fontaine de jouvence !

Mes enseignants m’invitèrent « à aller, à aller au-delà du par- delà, vers la rive de l’éveil ». A aller vers ce qui est plus grand que nous, en prenant de la hauteur, en ayant une vue macroscopique. Puis ces enseignants m’invitèrent à redescendre pour agir, en allant dans le microscopique, dans la matière. Je suis revenue dans la respiration de la vie et je repris mon souffle. Ainsi suis-je allée vers plus de fluidité, passant de l’état solide, liquide, puis gazeux pour aller enfin vers la matière plasmique. Matière plasmique qui est d’une capacité de compression et de diffusion extrême. Ce plasma est plus rare car il se situe à très hautes températures (vers le centre de la terre et vers l’extérieur de la terre au plus proche du soleil). Celui qui sait aller en son centre pourra par opposition s’élever… Je compris, je pleurai de joie, je m’allégeai dans tous les sens du terme. Tel un enfant, je retrouvais à cette instant ma simplicité d’être, ma joie, la curiosité de la nouveauté… Je me suis allégée du besoin de chercher de l’Amour chez les autres car je compris que les autres étaient comme moi en recherche également : c’est-à-dire préoccupés par le besoin d’étancher leur propre soif de manière durable… Certains avaient même abandonné l’idée que cela était possible et enchaînaient ainsi les bouteilles d’eau en continu sans réel impact sur eux-même, hormis l’élimination inévitable. Plus j’allais à l’intérieur de moi-même plus je m’ouvrais aux autres. Plus je m’accueille, plus je suis en mesure d’accueillir l’autre, de l’entendre et de l’écouter. J’ai commencé enfin à étancher ma soif ! Ma peau se réhydrata : de  flétrie ma peau passa à rajeunie…